5.3.10

End of transmission

Voici le 358ème et dernier billet de ce blog.

Au début nous avions créé ce blog pour montrer notre voyage, partager ce que nous vivions (et pour être franc, éviter de se répéter dans des emails et perdre un peu de "fraîcheur" dans le récit de nos aventures) et puis, petit à petit c'est finalement devenu une sorte de journal de voyage, plus personnel. 

Écrire ce blog nous permettait, de notre côté, de nous poser sur ce que nous faisions, de prendre le temps sur ce que nous avions vu et fait. Nous espérons avoir réussi à transmettre un peu de la magie de cette année hors-norme, remplie de paysages et de rencontres. Nous espérons également ne pas avoir été  trop ennuyeux avec nos états d'âmes (cela dit, personne ne vous obligeait à les lire :-)

Il est temps pour nous de retourner à la vie normale. 
Et de préparer le prochain voyage ;-)

End of transmission.

4.3.10

Bilan carbone



En terme d'environnement, que penser d'un voyage tel que celui que nous venons de faire?

C'est en comptant les pleins d'essence et les billets d'avion que nous avons commencé à nous poser la question de l'empreinte écologique de notre voyage.
Voyager en van, prendre l'avion, c'est chouette.
Mais voyager en van, prendre l'avion, ça pollue.

Alors voilà, notre bilan carbone nous interroge. Et nous allons (essayer de) le faire.

Estimation de notre empreinte carbone annuelle en France
Note: Nous souhaitions utiliser l'outil bilan carbone personnel, mais malheureusement le site est inaccessible depuis plusieurs semaines. Cet outil permet une évaluation précise de son empreinte selon des facteurs tel le lieu de vie (climat) ou le style de vie (habillement, loisirs, alimentation). L'estimation suivante sera revue lorsque le site sera de nouveau en ligne.

D'après différentes sources ([1] à [6]), et en redressant avec notre style de vie (régime alimentaire, achats, trajets...), on peut estimer notre empreinte annuelle à environ 15 tonnes de CO2/an (pour nous deux).

Répartition:
Appareils électriques, chauffage: 1.5 t
Transports:  9 t (6 pour la voiture, 3 pour les extras type train, avions...)
Achats: 3 t (transport, manufacture...)
Travail: 1.5 t

Total de référence: 15 tonnes de CO2. 

Estimation de notre empreinte carbone pendant l'année sabbatique
 - trajets 
Pour commencer, on a beaucoup pris l'avion. 16 fois. Ce qui donne ([4],[5],[6]):

Aller Paris-Melbourne via Singapour - 7,37 tonnes CO2
Aller-Retour Melbourne-Launceston (Tasmanie) - 0,56 t
Aller-Retour Melbourne-Auckland (NZ) - 2,32 t
Aller-Retour Darwin-Bali (Indonésie) - 1,52 t
Aller Sydney-Auckland - 0,95 t
Aller Auckland-Christchurch - 0,44 t
Aller Christchurch-Melbourne - 1,06 t
Aller-Retour Melbourne-Launceston - 0,56
Aller Melbourne-Auckland - 1,16 t
Aller-Retour Auckland-Christchurch - 0,88 t
Aller Auckland-Paris via Singapour - 8,16 t

A noter, beaucoup de compagnies aériennes proposent désormais de compenser les vols effectués (certaines avec un succès inattendu)



Et puis on a beaucoup roulé!
25000 km en van (diesel) en Australie - 8,39 t
10000 km en train en Australie - 0,5 t (0.025/pers/km [7])
6000 km en van (essence) en NZ - 1,95 t

Total transports: 46 t (j'arrondis :-)

Sinon nous avons mené un rythme de vie très simple:
- électricité: négligeable: 0,5 t
  • pas de chauffage
  • pas d'électricité à part celle que nous utilisions pour recharger nos appareils
- achats, alimentation: 1,5 t
  • pour ainsi dire pas de viande (l'impact carbone de la consommation de viande, en particulier de bœuf, est très élevé)
  • année sobre: pas d'appareils, pas de fringues...
Note: ces chiffres sont approximatifs car le bilan carbone d'une activité dépend de chaque pays: type de transport, type de génération d'électricité... sont différents en France, en Australie ou en Nouvelle-Zélande.
    Total année sabbatique: 48 t.

    Bilan
    Pas de doute nous avons rejeté plus de carbone cette année.  3 fois plus qu'en une année à Rennes! Voyager, et surtout prendre l'avion (35 tonnes sur les 48), grève le bilan de façon très importante.

    L'idée nous est alors venue d'effectuer une compensation-carbone de notre voyage. Nous ne sommes pas très fans de cette idée de compensation-carbone, car il ne s'agit ni plus ni moins que de s'acheter un droit à polluer (et une bonne conscience ?) alors que le vrai problème est de ne pas polluer tout court. 
    Mais en même temps, c'est mieux que rien.
    Il est extrêmement difficile de s'y retrouver dans le maquis des organismes compensateurs ([8],[9],[10]). La tonne de carbone y varie de 7 à 25 euros.

    Après recherches et cogitations, nous avons opté pour l'organisme Climat Mundi où nous avons acquis pour environ 200 euros de carbone, c'est à dire entre 8 et 30 tonnes selon les estimations. Il ne s'agit au final que d'environ 1% de notre budget total. Voici notre zouli certificat.



    Voilà, c'était la page carbone de ce blog. Ce n'est pas parfait, mais c'est un début ;-)

    Sources
    Données générales
    [1] http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3catid=12599
    [2] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/FRA/fr/EN.ATM.CO2E.PC.html

    Calculateurs
    [3] http://www.calculateurcarbone.org/
    [4] http://www.planete-urgence.org/vous/calcul-CO2.php?L=FR
    [5] http://www.climatmundi.fr/lng_FR_srub_10-compensation-carbone.html
    [6] http://www.actioncarbone.org/index.php

    Autres
    [7] http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=CD6902D1AAFD8740470C44C136A32C451169215062423.pdf

    Compensation
    [8] http://www.climatmundi.fr
    [9] http://www.actioncarbone.org
    [10] http://www.jpmorganclimatecare.com

    2.3.10

    Les questions du retour

    Voilà quelques jours maintenant que nous sommes de retour.
    Voici un petit best of des questions que l'on nous pose. Une sorte de FAQ du voyageur de retour!

    C'était bien?
    Oui, et c'était même très bien.
    Le billet de bilan donne probablement déjà une bonne idée des raisons qui nous ont fait adoré ce voyage mais plus simplement: nous n'avons jamais regretté notre choix.
    Cette année nous a comblés. Nous avons trouvé ce que nous cherchions: voir une partie du monde que nous ne connaissions pas, rencontrer des gens, bref changer de vie. Mais autant que les paysages et les rencontres, c'est l'expérience d'un long voyage qui a été fantastique et tout ce que cela implique sur soi, le recul que cela crée, le changement de point de vue, le fait que cela remette beaucoup de choses à sa place. On revient un peu pareil, et un peu différent aussi.
    Cela restera une très belle tranche de vie.

    C'est quoi le meilleur souvenir?
    C'est peut-être une des questions les plus dures (comment choisir un moment parmi tellement de sensations?), mais on se lance.

    Sylvain
    Impossible de sortir un meilleur souvenir, alors voilà mon best-of:
    - snorkeller sur la Grande Barrière de Corail
    - passer un mois dans un vignoble
    - sauter en parachute au-dessus des lacs et montagnes néo-zélandaises
    - une soirée entourée de kangourous
    - les ambiances de Western Australia
    - l'expérience d'une île déserte
    - la région du Milford Sound (NZ)
    - la rando du Tongariro (NZ)
    - une balade en bateau (NZ)
    - la région de Wanaka et Queenstown (NZ)
    - la tournée des grands ducs pour les fêtes de fin d'année
    - les rencontres
    - les ptits moments de la vie sur la route (par ex. la bière de fin de journée devant un paysage de dingue).

    Hélène
    J'en ai déjà parlé dans le billet de bilan... Deux souvenirs m'habitent particulièrement:
    - rouler le soir en Western Australia, avec de la bonne musique et le désert avec les couleurs de fin de journée
    - la dernière soirée à Meredith, pendant laquelle j'ai observé les kangourous prendre leur dîner... Entendu les kookaburras se répondre d'un bout à l'autre du bush... Senti la terre, les eucalyptus.


    C'est pas trop dur de rentrer?

    Si. 
    Rentrer, c'est l'acte définitif qui scelle la fin du voyage. Il faut alors accepter que ce grand projet est fini, qu'il doit désormais devenir un souvenir (arg) alors que ce fut notre présent pendant très longtemps. Le voyage est long et on finit par croire qu'il ne finira jamais, et pourtant, un jour, on se retrouve à l'aéroport et il est temps de repartir.
    Ce qui est difficile, ce n'est pas seulement de se dire que dans quelques jours on recommence à travailler, que les vacances sont finies, c'est aussi de quitter quelque chose dans lequel on a été très impliqué émotionnellement.
    Nous ne savons pas trop pourquoi (parce que le voyage est long? parce que tout est en contrat à durée déterminée?...) mais nous avons eu l'impression que tout était plus fort, plus intense, en particulier les rencontres .... et donc les séparations. C'est dur de quitter des lieux et des gens, sans savoir si nous pourrons nous revoir. Sans que ce soit prémédité nous avons vécu les deux derniers mois en NZ comme une transition. Comparé à l'Australie, nous  nous sentions davantage touristes, et moins impliqués. Revenir directement d'Australie aurait sûrement été bien plus difficile. Heureusement, être deux change tout car on peut en parler et se soutenir.

    Au passage, on parle toujours du retour mais nous avons trouvé que c'était au moins aussi difficile de partir. Faire le choix de se mettre en dehors du circuit, arrêter de travailler, de gagner de l'argent, les questionnements sur la carrière, l'annoncer à son entreprise, quitter son appart, les amis, la famille, son environnement familier...Toutes ces étapes n'ont pas été un long fleuve tranquille. Et le jour du départ, dans le train qui nous emmenait à Roissy, avec notre vie dans nos sacs de 20kg, avec tout à faire devant nous, on n'en menait pas large.
    En résumé, avant ce n'est pas facile car on ne sait pas où on va (suis-je en train de faire une connerie?) et après, ce n'est pas facile mais au moins on sait pourquoi on l'a fait :-)

    Ce qu'il faut éviter par dessus tout, ce sont les comparaisons du style "Dire qu'il y a un mois j'étais...".
    Un exemple?

    Deux vies très différentes à un mois d'intervalle

    Une autre chose qui se révèle parfois surprenante, ce sont les réactions. Il y a de tout:

    - Un regard droit dans les yeux, parfois un bon gros hug, accompagnés d'un "Ca va, pas trop dur?" profond, plein de sympathie. La question n'est pas pour la forme, certains ont déjà été à notre place ou se sont vraiment demandé ce que ça pouvait faire de revenir. C'est sincère, c'est chaud, ça fait du bien.
    - D'autres fois nous avons ressenti comme une sorte de gêne face à notre réponse honnête (quand on répond  "Ben moyen, c'est pas toujours super facile"). Comme si cette réponse était inattendue.
    - Et enfin parfois nous nous sentons accueillis comme si l'on était parti hier, l'impression que  l'on serait parti faire les courses, cela serait pareil. Pas une question, pas une remarque... Ce sentiment que l'on ressent comme de l'indifférence est difficile pour nous car on rentre d'une expérience à part, qui nous marque profondément et on se sent fort de tout ça, on a envie de le partager, de répondre à des questions, d'échanger... Ca fait un peu bizarre. Cela remet à sa place, on se redit dans ces moments-là qu'on fait vraiment ce genre de voyage pour soi. Tout cela est sans doute un peu égoïste et égocentrique et nous savons que c'est une mauvaise chose de transférer ses désirs sur les autres, mais c'est ainsi qu'on le ressent :-)
    Donc oui, ce n'est pas évident de rentrer, c'est une étape délicate, mais c'est aussi le moment de partir vers de nouveaux projets.


    Et vous avez travaillé?

    Ben heu, non.
    Au moment de partir, nous pensions travailler. D'ailleurs nous avons fait des recherches et puis ce qu'on voulait faire n'a pas pu se faire et finalement nous avons pris le partir de "juste" voyager. Sans regret aucun. Nous avions la chance d'avoir assez de sous de côté pour réévaluer notre budget et ça restera une magnifique expérience que de ne pas travailler pendant un an, d'enlever "ça" de nos journées. Je crois aussi que nous n'étions pas "prêts à tout" pour travailler: ou bien on trouvait un job qui nous enrichissait (au sens figuré principalement) ou bien on préférait ne rien faire. On a peut-être un peu vieilli sur ce terrain-là :-)

    Le côté négatif de ne pas travailler aurait pu être de limiter les rencontres mais le HelpX a plus que compensé.


    C'est passé vite, non?
    Oui...et non.
    Oui car en rentrant on a cette sensation bizarre d'être parti la veille, voire de n'être pas parti du tout. Le souvenir du voyage flotte comme une sorte de rêve et on n'est plus très sûr qu'il a eu lieu. Comme si on raboutait le jour du départ au jour de l'arrivée, c'est assez étrange. Et on est surpris de la vitesse à laquelle on reprend (ou on est tenté de reprendre) nos habitudes.

    Non car nous avons vraiment profité du voyage sans avoir l'impression qu'il filait à tout vitesse ou que nous n'avions pas prise sur lui.


    Ah, on pensait que vous reviendriez pas! / Ah, vous n'avez pas eu envie de rester?

    Peut-on voyager là-bas sans s'imaginer y rester? On en doute...
    Le moins que l'on puisse dire c'est que la qualité de vie australienne et néo-zélandaise nous a interpellés. En Australie: le beau temps permanent; en Nouvelle-Zélande: la diversité des paysages; partout: des espaces naturels fantastiques, un littoral superbe et de la place, beaucoup de place.
    Et il y a aussi le style de vie, qui nous a semblé marqué par une capacité à profiter des petits plaisirs et par le rôle bien moins important du travail (le fameux vivre pour travailler vs travailler pour vivre). Le outdoor lifestyle n'est pas un mythe. Quand on n'est pas dehors à faire du sport ou un BBQ, on est dans les restos ou les bars, car sortir ne coûte pas cher.
    Cela dit, nous ne voulons pas tomber dans le piège de l'idéalisation dans lequel il est facile de tomber, encore plus quand le voyage est relativement court... Un pays se juge aussi sur d'autres critères: santé, retraite etc. etc. ...
    Mais pourtant :-)
    Nous étions en break de nos boulots respectifs donc la question ne s'est jamais posée. Mais sans contrainte de retour et ayant trouvé un job intéressant, cela doit être tentant. Au moins pour une tranche de vie. Seul vrai inconvénient à nos yeux: c'est (vraiment) (très) loin.

    1.3.10

    L'addition s'il vous plaît! (et autres chiffres...)



    Pas de bilan sans quelques chiffres!

    Combien de jours?
    385 jours de voyage (416 jours sans travail pour Sylvain en ajoutant les quelques jours avant et après, 423 pour Hélène).

    Combien de nuits en van?
    Environ 190 nuits.

    Combien de pannes?
    4 (une durit du circuit d'eau, une poulie, une autre poulie et ... heu ... un moteur).

    Combien de temps dans des familles Helpx?
    Environ 12 semaines.


    Combien de photos?

    7315 (19 par jour)



    Combien de billets sur ce blog?
    Celui-là est le 356ème (et un des tous derniers).



    Nombre de kangourous écrasés?
    0.


    Combien de km parcourus?
    Environ 30 000 km en van (25 000 en Australie, 5 000 en NZ)
    Environ 11 000 en train
    Et beaucoup, beaucoup en avion...

    Et en litres d'essence ça fait combien?
    En prenant en compte la conso de nos van: environ 3 000 litres.

    Combien d'avions?
    17 décollages
    16 atterrissages (les lecteurs assidûs sauront pourquoi :-)

    Rando la plus longue?
    20 km

    Quel budget pour une année sabbatique comme celle-ci?
    Notre budget total s'élève à environ 25 000 euros.
    Dont:
    . 3 000 pour les billets d'avion
    . 1 000 en préparatifs: assurance, visa vacances-travail, achat d'un mini-pc...
    . 4 000 pour le van (achat+réparations-revente)
    . 1 800 pour la location du van en NZ
    Du coup le budget mensuel était d'environ 1 200 euros pour nous deux pour le reste (nourriture, excursions, essence, vols intérieurs...)

    A notre grande surprise, notre niveau mensuel de dépenses s'est révélé identique à celui que nous avions en France. Voyager ne nous a pas fait dépenser plus.

    Combien d'argent gagné?
    Pas un centime.

    26.2.10

    Morts au combat



    Une année sabbatique, ça met les affaires à rude épreuve. 
    Entre les semaines en Helpx à 4 pattes dans la vigne, le fait de s'asseoir un peu partout, les randos, le sable, la poussière... 
    Ce billet est donc dédié à une partie de notre équipement qui n'aura fait qu'un aller simple vers l'hémisphère Sud, à ces affaires qui nous auront certes rendu un fier service mais nous auront lâchement abandonnés.

    Pour Sylvain
    1 pantalon
    1 appareil photo
    1 tee-shirt
    2 slips
    1 corsaire
    1 paire de pompes de rando

    Pour Hélène
    2 pantalons
    1 corsaire
    1 tee-shirt
    2 slips
    1 paire de tennis




    Paix à votre âme.

    25.2.10

    Trophée des commentaires



     
    Un blog ce sont des billets bien sûr, mais un blog c'est aussi des commentaires. 

    Merci à tous ceux qui nous ont envoyé un petit mot pendant cette année. Croyez-nous, alors que nous étions au fin fond du bush, vos quelques lignes nous faisaient vraiment très plaisir.

    Le temps est donc venu de célébrer les commentateurs de ce blog. Attention, tapis rouge, roulement de tambour, bienvenue à la cérémonie de remise du Trophée des commentaires d'"Une année sabbatique la tête en bas"!
     
    Avant la remise du trophée, la tradition veut qu'on fasse patienter l'audience avec quelques chiffres:
    21 commentateurs sont passés écrire quelques lignes sur ce blog pour un total de 140 commentaires postés. Hors catégorie, Hélène et moi avons répondu à 90 reprises.

    Et maintenant, le podium!

    En 3ème position, opossum de bronze: Aymeric et Chloé, 9 commentaires. 

    Vient ensuite Olivier, kiwi d'argent, 10 commentaires.

    Et enfin le grand vainqueur, notre kangourou d'or, qui très vite écrasa toute velléité de compétition: Sébastien, loin devant avec 56 commentaires !
    Sébastien se voit remettre le trophée, un superbe porte-clef décapsuleur kiwi qui part dès aujourd'hui au courrier. Bravo Seb!


    Le reste du classement
    5 ex aequo - Mat, Christophe (7 commentaires)
    7 ex-aequo - Corinne, Denis, Cat (6 commentaires)
    10 - Benoît (5 commentaires)
    11- Anne (2 commentaires)
    12 ex-aequo - Julien B, Gwenn, Olive Tree Guitar Ensemble, Rachel, Patrick, Laurence, Nolwenn, Erwan, Henry, Kelig (1 commentaire)

    Sur ce s'achève la remise de Trophée. Merci à tous d'avoir fait vivre le blog avec vos commentaires :-)

    Note: chiffres valides au 24/02/2010 à 19h06.

    24.2.10

    Alors, une année sabbatique, c'est bien?

    Mise en garde: ce billet contient une forte teneur en états d'âme.




    Sylvain

    L'année sabbatique, c'est finalement une sorte de gros big-bang.
    Prenez votre vie "normale", enlevez-y votre boulot, votre logement, votre TV, votre Playstation, vos factures, vos activités, vos sorties, vos amis, votre famille... En gros virez à peu près tous les repères, habitudes, routines et contraintes de la vie courante (les impôts, le loyer...), ajoutez beaucoup beaucoup de temps libre,  partez loin, secouez bien fort et servez frappé.
    Voilà, vous êtes en année sabbatique à l'autre bout du monde.

    Je ne sais pas si une année sabbatique c'est bien en général, ce que je sais par contre c'est que cette année sabbatique fut fantastique. 
    Au moment de partir je me rappelle me dire que ce genre d'année n'avait pas d'obligation de réussite. On a le droit d'être déçu, d'être déboussolé, de ne pas se plaire, d'avoir le mal du pays... Bref je me disais que peut-être, si ce n'était pas aussi bien qu'espéré, nous serions de retour plus tôt. 
    Cela ne s'est pas produit.
    Pas de mal du pays et pas une seule fois je  me suis dit "Mais qu'est-ce que je fous là?". Je me suis petit à petit glissé dans le voyage et plus les mois passaient plus je l'appréciais.

    Il y a quelques semaines, nous étions avec Paul sur son bateau, en train de traverser la Mercury Bay. Il fait beau, nous passons un super moment, on file à toute vitesse sur l'eau, je croise son regard et il nous dit, à Hélène et moi, "It makes you feel alive, doesn't it?" (Ça rend vivant, hein?).
    Et effectivement, cette année je me suis senti très vivant.


    • souvenirs
    Une année sabbatique, ce sont d'abord des souvenirs. C'est la première chose qui me vient à l'esprit quand j'y songe: tout ce qu'on a mis dans la malle à souvenirs, toute cette densité, l'impression d'avoir vécu 5 années en une. Une sorte de gros mille-feuille rempli d'impressions, de rencontres en pagaille, d'une foule de paysages incroyables, de couchers de soleil, d'expériences inattendues, de craquages, d'animaux, de petits et de grands instants, des galères aux moments de plénitude.
    Et si ça se passe comme tout au long de l'année, plein de souvenirs vont encore prendre du relief et de la patine avec le temps. Ça promet :-)
    • le privilège du temps
    C'est probablement ce qui m'a le plus marqué: avoir plein de temps. Ce temps libéré est bien sûr le résultat de l'abandon de toute activité professionnelle mais ce n'est pas tout. Le fait de quitter son pays et d'être sur la route a un effet démultiplicateur. Cet abandon de toutes les contraintes quotidiennes, de tous ces petits trucs qui prennent 1/2h par ci, 1h par là. Une année sabbatique en restant chez soi est sûrement très différente.

    Au début, le changement d'échelle est un peu vertigineux (tout ce temps libre devant soi, arg!) mais il devient vite absolument génial: on compte en semaines au lieu de compter en jours, en mois plutôt qu'en semaines. On peut se permettre de rester dans un endroit qui plaît, on peut décider de ne rien faire, tout cela n'a pas de conséquence. Dans une année sabbatique, ce qu'on ne fait pas aujourd'hui, on le fera demain, ou pas du tout, ce n'est pas grave.  On ne regarde plus la montre, on ne dit plus "mais on n'a pas le temps".  
    Jamais nous n'avons planifié plus de 2 ou 3 mois en avance, pour laisser la place aux coups de tête et à la spontanéité.
    • liberté
    C'est peut-être la sensation la plus difficile à décrire, mais avoir 13 mois devant soi, plus qu'une année à écrire, c'est excitant, flippant aussi mais cela procure un sentiment de liberté incroyable. On se retrouve à avoir (presque) tout le temps le choix. On sait qu'il ne tient qu'à nous de faire ce que l'on veut faire, d'aller là où on a envie, de travailler (ou pas), d'aller dans des familles (ou pas)....
    Par ailleurs, le road-trip exacerbe tout cela: le terrain de jeu, c'est la carte de l'Australie. Parcourir les étendues immenses, dormir n'importe où, se demander "comment ce sera là-bas?", y aller, s'extasier (ou pas d'ailleurs)... Ce sont des moments très fort de liberté totale.


    • les yeux ouverts
    Je me suis plu à être dans cet état de curiosité, d'éveil permanent. Comme si on éteignait certaines zones de son cerveau et qu'à la place on sollicitait des endroits inhabituels.
    • s'occuper de soi
    Ce fut un grand plaisir de cette année. Une année sabbatique, c'est finalement une année pour soi, rien qu'à soi. Le seul objectif, jour après jour, c'est de faire des trucs chouettes, de faire ce qu'habituellement on repousse sans cesse dans la "vie normale". Visiter ce qui nous plaît, se baigner si on en a envie, lire si et autant qu'on le veut, cuisiner ce qui nous tente... Et ce pendant des mois. On n'est pas toujours habitué à autant "se chouchouter", à autant s'écouter. Ça fait du bien.
    • recul, retour à l'essentiel
    Là encore, j'ai l'impression d'enfiler un autre lieu commun comme une perle mais tant pis c'est ainsi, quand on se retrouve sur la route, avec toute sa vie dans son sac, sans tentations ni contraintes, cela crée une sorte de prise de recul, de changement de point de vue assez surprenant.
    On apprend beaucoup sur soi, des choses se confirment, d'autres s'infirment mais une chose est sûre, on finit par  (mieux) savoir ce qui compte, ce qui manque. Et au final, bah ya pas grand chose qui manque. Peut-être aussi parce qu'on sait que tout ceci a une durée limitée.
    • le détachement
    Sûrement une conséquence de tout le reste. Les semaines passant, j'ai senti une sorte de détachement devenir de plus en plus fort. Évidemment, par la force des choses, on se détache de la télé, du téléphone portable...Mais je me suis aussi détaché de l'actualité, de l'envie de répondre rapidement à mes emails... Assez subtilement, on s'installe dans le voyage et on finit par "rejeter" ce qui semble nous ramener à la vie normale.
    Au final, si ce n'était l'aspect pratique lorsqu'il y a des démarches à faire (réservations, comparaisons...), je pense que l'idéal est de ne même pas avoir d'ordinateur portable.


    • soi
    Un effet collatéral de se retrouver avec ce temps libre est qu'on se retrouve ... en face de soi. 
    Les contraintes de la vie "normale" nous poussent souvent à être dans l'action, le mouvement permanent, presque compulsif. On passe rapidement d'une tâche à l'autre, on essaie tant bien que mal de gagner du temps. En vacances, on fait tout pour en profiter, parce que ça ne va pas durer, dans quelques jours on retourne au boulot.
    Nous aurions pu avoir deux attitudes devant tout le temps qui était subitement à notre disposition: chercher à le remplir, être tout le temps dans l'action. Nous avons parfois cédé à cette tentation, en le regrettant.
    L'autre attitude est plus difficile, car elle consiste à se prendre à rebrousse-poil: accepter ce temps, accepter de ne rien faire, de ne pas chercher à le remplir, juste d'être quelque part, de profiter d'un endroit. Nous avons été surpris de voir comment nous réagissions à cette sorte de limitation de vitesse que nous nous imposions. De toutes les leçons de ce voyage, ce passage au"slow" restera un des plus enrichissants.
    Pour reprendre l'expression d'un célèbre patron de chaîne, avoir tout ce temps, jouir de tout cette liberté, cela donne beaucoup de temps de cerveau disponible. L'esprit part explorer des territoires inconnus, il vagabonde, beaucoup de temps pour penser, réfléchir, on fait des rêves surprenants, on a plein de temps pour discuter, on se trouve plus créatifs...

    D'une certaine manière, j'ai ressenti un glissement du faire à l'être. En écrivant cela, je repense aux mots de Wayne. 
    Wayne construisait sa maison depuis 5 ou 6 quand je lui ai demandé: "Mais tu n'en as pas marre parfois? N'es tu pas dans l'attente continuelle d'avoir enfin fini?". Et Wayne de me répondre: "Mais il n'y a rien d'intéressant dans le fait d'avoir fini. Je suis heureux dans le processus." ("We are happy at doing it") (J'ai ramené cette remarque sous le bras, et je crois que je suis encore en train d'en saisir la portée).
    • les autres
    Une année de balade, ce sont aussi des rencontres. Et sur ce sujet, on peut dire qu'on n'aura pas été déçu. Cela a commencé avec Marie, notre coloc à Melbourne, puis cela a continué toute l'année avec les semaines dans des familles HelpX et au gré des rencontres sur la route. L'ouverture vers les gens restera un gros souvenir de mon année.

    Il y aurait beaucoup à dire sur une année comme celle-là mais comme je n'ai pas comme objectif de battre le record du plus long billet je vais m'arrêter là.


    En un mot: une année "bigger than life".



    Hélène

    Une année sabbatique, c'est pleins d'étapes qui s'empilent. D'abord les quelques mois avant de partir, où l'on lâche progressivement ce qui nous rattache à la France: le boulot, l'appart, les proches... Et puis comme l'a dit quelqu'un qui m'est cher, "une fois dans la piscine, je nage", et je suis bien.

    Il m'a fallu un peu de temps pour apprivoiser le potentiel d'une telle année. Au début, c'était un peu flippant d'avoir autant de temps devant moi... Ça titille mes envies, ce que j'ai envie d'en faire. Et rapidement, j'ai adoré le sentiment de liberté (aller où l'on veut, faire ce que l'on veut, sans contrainte, ne pas être aliéné par la routine) et le temps que cela dégage. Temps pour réfléchir, faire le point, faire les choses lentement. Ne pas s'étourdir dans le quotidien mais être en face de soi.

    La tranche Perth-Darwin reste pour moi le symbole des émotions d'une telle année: on roule, il a fait chaud dans la journée mais ça se rafraîchit, le soleil est couché mais les couleurs bleues/mauves/roses perdurent dans le ciel et contrastent avec la terre rouge, on est tout seul sur la route, on écoute de la bonne musique, l'esprit vagabonde.. Et on sait que l'on va sûrement dormir dans un coin chouette. Un sentiment de liberté très puissant.


    Les paysages
    Fin décembre, on a montré des photos de notre périple et en voyant tous ces paysages défiler, des eaux turquoises de la Western Australia aux crocos du Nord, de la barrière de Corail aux montagnes néo-zélandaises... Waouh. On a empilé des paysages dingues et des ambiances qui m'habiteront longtemps.

    Les dodos dans la nature
    Quoi de plus chouette que de dormir au bruit des vagues? De se réveiller le matin et d'entendre les kookaburras rire et se répondre? Prendre son petit déj devant la mer turquoise, ou devant un lac entouré de montagnes?
    J'ai savouré ces moments, des pépites de vie.

     

    L'absence de travail
    Je n'en doutais pas, mais j'ai eu la preuve que le travail ne m'a pas du tout manqué :-) Quel plaisir de ne pas travailler, ou alors de découvrir autre chose! (cf. vignoble ou maison en paille). Plaisir de se lever tôt (vous avez bien lu!) pour regarder le lever de soleil (et se rempaffer), ou pour faire une rando... Ou plaisir de la grasse-mat :-)

    Le plaisir de l'anglais
    J'aime les langues étrangères, notamment l'anglais, et j'ai été servie! Dérouillage de l'oreille en début de séjour, frustrations d'avoir perdu depuis le Canada et impression de ne pas progresser, corrections et explications de Marie qui réfléchit à sa langue et était toujours disponible aux questions. Plaisir de voir que les expressions idiomatiques rentrent et restent dans le cerveau... Plaisir d'entendre Marie dire fin décembre que notre anglais était meilleur, plus fluide, et que l'on parlait très bien.
    Pendant cette année, j'ai lu, lu et lu en anglais, et c'était bien! Ce que j'ai aimé, c'est tous ces magasins de bouquins d'occasion, cavernes d'Ali Baba où je pourrais passer des jours.



    Les rencontres
    Difficile de ne pas évoquer les rencontres car pour moi elles sont la colonne vertébrale d'un voyage. J'ai encore un peu de mal à me replonger dans tous les moments que l'on a partagés, tant cela fait remonter des émotions... J'ai été bluffée par la générosité des Australiens, à leur capacité d'ouvrir la porte (de la conversation aussi bien que de la maison) à des étrangers; idem pour les Kiwis, par exemple à Flaxmill Bay. J'ai aimé leur côté direct, sans chichi, et cela m'a aidée à recevoir sans tortiller. Ces rencontres prennent une intensité particulière quand on est à l'autre bout de la planète... J'ai apprécié leur disponibilité et leur curiosité. Et je me sens honorée de leur gentillesse et de leur accueil.
    Les quelques jours à Meredith à Noël gardent une saveur particulière pour moi, car je pensais avoir un coup de blues du fait de ne pas être en France pour ces fêtes de fin d'année. Et puis finalement, certes j'ai eu une grande pensée pour ma famille et je savais que le retour dans l'Hexagone était proche, mais j'étais bien car je me sentais en famille, à ma place.



    Voyager léger
    Pas évident de mettre sa vie dans un sac de 20 kg... Expérience intéressante, car, au final, je n'ai manqué de rien.

    Le soutien des proches
    C'est quelque chose qui a été très important pour moi cette année: savoir que mes proches suivaient mon périple, étaient intéressés, se sentaient concernés. Merci à tous ceux qui ont pris le temps de penser à moi malgré la distance!

    Pour répondre à la question, cette année sabbatique, c'était bien :-)