2.3.10

Les questions du retour

Voilà quelques jours maintenant que nous sommes de retour.
Voici un petit best of des questions que l'on nous pose. Une sorte de FAQ du voyageur de retour!

C'était bien?
Oui, et c'était même très bien.
Le billet de bilan donne probablement déjà une bonne idée des raisons qui nous ont fait adoré ce voyage mais plus simplement: nous n'avons jamais regretté notre choix.
Cette année nous a comblés. Nous avons trouvé ce que nous cherchions: voir une partie du monde que nous ne connaissions pas, rencontrer des gens, bref changer de vie. Mais autant que les paysages et les rencontres, c'est l'expérience d'un long voyage qui a été fantastique et tout ce que cela implique sur soi, le recul que cela crée, le changement de point de vue, le fait que cela remette beaucoup de choses à sa place. On revient un peu pareil, et un peu différent aussi.
Cela restera une très belle tranche de vie.

C'est quoi le meilleur souvenir?
C'est peut-être une des questions les plus dures (comment choisir un moment parmi tellement de sensations?), mais on se lance.

Sylvain
Impossible de sortir un meilleur souvenir, alors voilà mon best-of:
- snorkeller sur la Grande Barrière de Corail
- passer un mois dans un vignoble
- sauter en parachute au-dessus des lacs et montagnes néo-zélandaises
- une soirée entourée de kangourous
- les ambiances de Western Australia
- l'expérience d'une île déserte
- la région du Milford Sound (NZ)
- la rando du Tongariro (NZ)
- une balade en bateau (NZ)
- la région de Wanaka et Queenstown (NZ)
- la tournée des grands ducs pour les fêtes de fin d'année
- les rencontres
- les ptits moments de la vie sur la route (par ex. la bière de fin de journée devant un paysage de dingue).

Hélène
J'en ai déjà parlé dans le billet de bilan... Deux souvenirs m'habitent particulièrement:
- rouler le soir en Western Australia, avec de la bonne musique et le désert avec les couleurs de fin de journée
- la dernière soirée à Meredith, pendant laquelle j'ai observé les kangourous prendre leur dîner... Entendu les kookaburras se répondre d'un bout à l'autre du bush... Senti la terre, les eucalyptus.


C'est pas trop dur de rentrer?

Si. 
Rentrer, c'est l'acte définitif qui scelle la fin du voyage. Il faut alors accepter que ce grand projet est fini, qu'il doit désormais devenir un souvenir (arg) alors que ce fut notre présent pendant très longtemps. Le voyage est long et on finit par croire qu'il ne finira jamais, et pourtant, un jour, on se retrouve à l'aéroport et il est temps de repartir.
Ce qui est difficile, ce n'est pas seulement de se dire que dans quelques jours on recommence à travailler, que les vacances sont finies, c'est aussi de quitter quelque chose dans lequel on a été très impliqué émotionnellement.
Nous ne savons pas trop pourquoi (parce que le voyage est long? parce que tout est en contrat à durée déterminée?...) mais nous avons eu l'impression que tout était plus fort, plus intense, en particulier les rencontres .... et donc les séparations. C'est dur de quitter des lieux et des gens, sans savoir si nous pourrons nous revoir. Sans que ce soit prémédité nous avons vécu les deux derniers mois en NZ comme une transition. Comparé à l'Australie, nous  nous sentions davantage touristes, et moins impliqués. Revenir directement d'Australie aurait sûrement été bien plus difficile. Heureusement, être deux change tout car on peut en parler et se soutenir.

Au passage, on parle toujours du retour mais nous avons trouvé que c'était au moins aussi difficile de partir. Faire le choix de se mettre en dehors du circuit, arrêter de travailler, de gagner de l'argent, les questionnements sur la carrière, l'annoncer à son entreprise, quitter son appart, les amis, la famille, son environnement familier...Toutes ces étapes n'ont pas été un long fleuve tranquille. Et le jour du départ, dans le train qui nous emmenait à Roissy, avec notre vie dans nos sacs de 20kg, avec tout à faire devant nous, on n'en menait pas large.
En résumé, avant ce n'est pas facile car on ne sait pas où on va (suis-je en train de faire une connerie?) et après, ce n'est pas facile mais au moins on sait pourquoi on l'a fait :-)

Ce qu'il faut éviter par dessus tout, ce sont les comparaisons du style "Dire qu'il y a un mois j'étais...".
Un exemple?

Deux vies très différentes à un mois d'intervalle

Une autre chose qui se révèle parfois surprenante, ce sont les réactions. Il y a de tout:

- Un regard droit dans les yeux, parfois un bon gros hug, accompagnés d'un "Ca va, pas trop dur?" profond, plein de sympathie. La question n'est pas pour la forme, certains ont déjà été à notre place ou se sont vraiment demandé ce que ça pouvait faire de revenir. C'est sincère, c'est chaud, ça fait du bien.
- D'autres fois nous avons ressenti comme une sorte de gêne face à notre réponse honnête (quand on répond  "Ben moyen, c'est pas toujours super facile"). Comme si cette réponse était inattendue.
- Et enfin parfois nous nous sentons accueillis comme si l'on était parti hier, l'impression que  l'on serait parti faire les courses, cela serait pareil. Pas une question, pas une remarque... Ce sentiment que l'on ressent comme de l'indifférence est difficile pour nous car on rentre d'une expérience à part, qui nous marque profondément et on se sent fort de tout ça, on a envie de le partager, de répondre à des questions, d'échanger... Ca fait un peu bizarre. Cela remet à sa place, on se redit dans ces moments-là qu'on fait vraiment ce genre de voyage pour soi. Tout cela est sans doute un peu égoïste et égocentrique et nous savons que c'est une mauvaise chose de transférer ses désirs sur les autres, mais c'est ainsi qu'on le ressent :-)
Donc oui, ce n'est pas évident de rentrer, c'est une étape délicate, mais c'est aussi le moment de partir vers de nouveaux projets.


Et vous avez travaillé?

Ben heu, non.
Au moment de partir, nous pensions travailler. D'ailleurs nous avons fait des recherches et puis ce qu'on voulait faire n'a pas pu se faire et finalement nous avons pris le partir de "juste" voyager. Sans regret aucun. Nous avions la chance d'avoir assez de sous de côté pour réévaluer notre budget et ça restera une magnifique expérience que de ne pas travailler pendant un an, d'enlever "ça" de nos journées. Je crois aussi que nous n'étions pas "prêts à tout" pour travailler: ou bien on trouvait un job qui nous enrichissait (au sens figuré principalement) ou bien on préférait ne rien faire. On a peut-être un peu vieilli sur ce terrain-là :-)

Le côté négatif de ne pas travailler aurait pu être de limiter les rencontres mais le HelpX a plus que compensé.


C'est passé vite, non?
Oui...et non.
Oui car en rentrant on a cette sensation bizarre d'être parti la veille, voire de n'être pas parti du tout. Le souvenir du voyage flotte comme une sorte de rêve et on n'est plus très sûr qu'il a eu lieu. Comme si on raboutait le jour du départ au jour de l'arrivée, c'est assez étrange. Et on est surpris de la vitesse à laquelle on reprend (ou on est tenté de reprendre) nos habitudes.

Non car nous avons vraiment profité du voyage sans avoir l'impression qu'il filait à tout vitesse ou que nous n'avions pas prise sur lui.


Ah, on pensait que vous reviendriez pas! / Ah, vous n'avez pas eu envie de rester?

Peut-on voyager là-bas sans s'imaginer y rester? On en doute...
Le moins que l'on puisse dire c'est que la qualité de vie australienne et néo-zélandaise nous a interpellés. En Australie: le beau temps permanent; en Nouvelle-Zélande: la diversité des paysages; partout: des espaces naturels fantastiques, un littoral superbe et de la place, beaucoup de place.
Et il y a aussi le style de vie, qui nous a semblé marqué par une capacité à profiter des petits plaisirs et par le rôle bien moins important du travail (le fameux vivre pour travailler vs travailler pour vivre). Le outdoor lifestyle n'est pas un mythe. Quand on n'est pas dehors à faire du sport ou un BBQ, on est dans les restos ou les bars, car sortir ne coûte pas cher.
Cela dit, nous ne voulons pas tomber dans le piège de l'idéalisation dans lequel il est facile de tomber, encore plus quand le voyage est relativement court... Un pays se juge aussi sur d'autres critères: santé, retraite etc. etc. ...
Mais pourtant :-)
Nous étions en break de nos boulots respectifs donc la question ne s'est jamais posée. Mais sans contrainte de retour et ayant trouvé un job intéressant, cela doit être tentant. Au moins pour une tranche de vie. Seul vrai inconvénient à nos yeux: c'est (vraiment) (très) loin.

5 comments:

Olivier Billard said...

Au moins, rapport au comparatif photographique, tu as eu du ciel bleu en Bretagne !

Et sur la photo, Jojo est en retard, comme d'habitude... :)

Sylvain said...

Wouhaou Olivier, quel oeil de lynx! Je me rappelle bien quand j'ai pris la photo du bureau, c'était bien Jojo qui arrivait. P'tain balaise mec.

Corinne said...

en vous lisant ... je me dis : et moi, ca va me faire pareil quand je vais rentrer !!!
Tres probablement ...

Benoît said...

La question du retour : c'était bien ?

Effectivement, très bien, les posts le matin en arrivant au boulot !
Taper en pilote automatique des matins gris "whv" pour voir s'afficher de belles photos down under. Ouais c'était bien.


Bravo pour votre voyage et bravo aussi pour le blog.

Sylvain said...

Corinne: hé oui... il risque d'y avoir quelques similitudes :-) Faut un peu se préparer, pas trop non plus pour en profiter jusqu'au bout. Dans tous les cas: ça se fera!

Benoît: Merci. Va falloir trouver un autre truc en arrivant au boulot :-)