9.9.09

Kakadu National Park: The Dreaming


Le Kakadu offre des "talks" et des balades commentées par les rangers. Pour nous c'est l'occasion d'enfin effleurer la culture et le mode de vie aborigènes, et poser des questions.

A Ubirr se trouve un "dreaming site", c'est à dire un endroit très important pour les Aborigènes.
Le "dreaming", c'est l'origine de leur monde (le big bang pour les scientifiques, ou la création par Dieu pour les croyants): des ancêtres puissants, dont le "rainbow serpent" (mais aussi Malu le Grand Kangourou, les dingos Maletji... Chaque clan a des ancêtres qui différent d'autres clans), ont arpenté le territoire australien en poussant la terre et créant ainsi des collines, en louvoyant et créant des rivières, en créant les poissons, les oiseaux, etc. Ils ont créé le pays pour que les hommes puissent y vivre. Ce faisant, ils ont déposé une partie de leur pouvoir dans la terre, et ce pouvoir y est toujours présent, en particulier dans les "dreaming places", un endroit particulier (pierre, arbre) rempli de leur présence (souvent là où ils se sont reposés lors de leur parcours).

Le Rainbow Serpent, un des seuls ancêtres communs à tous les aborigènes, fait également partie du cycle des saisons car le "Wet" est considéré comme l'expression de son pouvoir: le vent, la pluie, la foudre sont les éléments qui expriment la force de cet ancêtre.


Les "dreaming places" sont sacrés pour les Aborigènes, qu'il ne faut pas déranger. Pas de bruit excessif près de ces endroits (cf. plus bas), seules les personnes initiées peuvent y accéder (sinon la colère de ces ancêtres se déchaîne: tempête, orage, foudre, etc.). La culture aborigène est non démocratique, dans le sens où tout le monde n'a pas accès au même savoir, en fonction du degré d'initiation. Les enfants (et les Blancs) ne suivent pas de rites d'initiation et se voient donc délivrer seulement le savoir "basique" de la culture aborigène; a contrario, plus une personne accumule le savoir, plus elle accède à certains lieux.

Toutes ces règles sont orales, transmises d'une personne à l'autre par des chansons, des contes pour les enfants, des histoires en général. Elles sont parfois illustrées par des peintures sur les murs, que l'on peut admirer à Kakadu.

L'éducation d'un enfant ne se fait donc pas à l'école mais en compagnie des oncles et tantes, parents, qui grâce à des peintures sur les murs racontent une histoire mais surtout donnent des limites à la société, expliquent les règles et les punitions si quelqu'un enfreint ces lois.

Par exemple, une légende raconte qu'une jeune fille, qui mangea du barramundi à un mauvais moment, fut punie trop sévèrement par une tribu rivale, et entraîna un règlement de comptes mortel entre tribus. La morale de l'histoire est qu'une infraction des lois entraîne une punition sévère et implique d'autres personnes de la famille, voire les tue.


La culture aborigène, quels que soient la famille, la langue, le clan, transmet ses valeurs grâce à la parole. Ce n'est que récemment, avec la perte de transmission (cf. génération volée: les enfants étaient enlevés de leur famille pour être "éduqués" dans des missions chrétiennes) que les aînés ont transcrit leur savoir par écrit pour éviter de le perdre.

Les chansons et les cérémonies sont là pour célébrer le passage de ces grands ancêtres sur la terre, et faire perdurer leur pouvoir (c'est grâce à la parole et au chant qu'ils continuent à exister).

Chaque aborigène est dépositaire d'une partie de ces chants concernant les ancêtres (personne ne les connait entièrement, donc personne n'a le pouvoir absolu) et il est de son devoir de le faire vivre, de le chanter, de ne pas l'oublier (même si cela est difficile actuellement car cette culture se perd), et de prendre soin de la terre (donc des ancêtres).

2 comments:

Séb. said...

A la base quand même, ce park était l'idée d'un ranger qui avait créé en 1903 une balade à thème pour reconnaître les traces laissées par les animaux locaux.
Donc il se promenait avec des touristes et à chaque fois qu'il croisait un excrément il se retournait vers son groupe et demandait "Alors ça c'est le caca du ... ?", et tous les touristes devaient trouver le nom de l'animal.
Donc en hommage à ce ranger qui a fait découvrir la beauté de cette région à tout un pays, on l'a appelé le "kakadu park".

Sylvain said...

Quel puits de science :-)
Respect.
Et bravo.