La crise? Connait pas.

Alors que le Royaume-Uni vient d'annoncer un nouveau trimestre de croissance négative, l'Australie, de son côté, attend toujours la récession. 

En effet, depuis plusieurs mois maintenant, les bonnes nouvelles s'accumulent pour l'économie australienne. Le pays devrait finir l'année avec une croissance d'environ 1% et un taux de chômage à 6% (resp. 2% et 7% en 2010).

Pour comprendre pourquoi le vent a tourné, il suffit de jeter un oeil à ce que vend l'Australie et à qui.

Quoi...


A qui...


C'est d'ailleurs intéressant de voir la croissance des exportations avec ses deux principaux marchés que sont le Japon et la Chine.

Le commerce australien est archi-dominé par les matières premières (charbon, viande, blé...) et l'Australie a subi de plein fouet le coup d'arrêt brutal de la demande asiatique courant 2008. Le secteur minier, en particulier, a alors promptement coupé dans les effectifs. Après une croissance faible au 3ème trimestre 2008 (0.2%), la fin d'année s'achevait sur une croissance négative de 0.6% au 4ème trimestre.

Les premiers mois de l'année faisaient donc craindre le pire. Le discours à l'époque: la récession est inévitable et attendez-vous à un chômage de 8,5% en 2010. Puis, l'économie chinoise résistant finalement mieux que prévu, ce qui semblait un handicap s'est révélé un atout. Le 1er trimestre créa la surprise avec une croissance de 0.4%, faisant techniquement éviter au pays la récession, ce qui fut confirmé au 2ème trimestre (0.6%).

Comme beaucoup d'autres pays, le gouvernement australien a également pris fin 2008/début 2009 plusieurs mesures pour amortir la crise:
- garantie des dépôts bancaires
- programme de soutien à l'économie: environ 70 milliards de dollars ont été injectés essentiellement dans des projets d'infrastructure, de rénovation et dans des chèques distribués directement aux contribuables.

L'occasion de pointer une autre différence fondamentale avec d'autres économies: le déficit budgétaire et la dette publique qui en découle.
En Australie, les choses sont simples: il n'y a plus de dette publique depuis 2006. Depuis une dizaine d'années le pays est abonné aux excédents budgétaires (ça fait rêver :-)

L'effort financier du gouvernement australien n'a donc pas du tout les mêmes conséquences que celui effectué dans des pays comme la France.
Ici il aura pour conséquence un déficit de 27 milliards pour l'année 2009 (2.3% du PIB) et devrait être épongé en quelques années.
A comparer avec la France qui prévoit un déficit de 140 milliards d'euros à la fin 2009 (8% du PIB), qui, accumulé aux précédents déficits, portera la dette publique française à 1400 milliards d'euros (environ 75% du PIB).
L'Australie aura ainsi pu réaliser un effort financier plus important sans graves consequences: 2.9% de son PIB contre 1.6% en Allemagne ou Grande-Bretagne, 1.9% au Canada, 2% aux U.S.A, 2.4% au Japon.

Bref, ici l'heure n'est plus du tout au marasme. Le pays pensait s'enfoncer dans la récession, il n'en est rien. Il craignait de voir le chômage bondir, que nenni, il est actuellement à 5.7% et a diminué au mois de septembre.

 Les affiches "wanted" fleurissent de nouveau sur les vitrines et une étude annonce que le moral des entreprises est au plus haut depuis 2002.

La crise? quelle crise?

C'était la rubrique éco.