5.1.10

Bye Australia


L'avion qui nous ramène en Nouvelle-Zélande est l'occasion de répondre à la toute dernière question.

Alors, l'Australie, c'était comment?

Avertissement: ce post est plein d'états-d'âmes et de considérations pseudo-sociolgiques de comptoir. Vous aurez été prévenus :-)

Sylvain

Je me rappelle très clairement les toutes premières semaines du voyage où, bien que nous parcourions de très beaux paysages, peu d'entre eux déclenchaient le fameux "wow".
Et puis le temps a passé et petit à petit le charme a opéré. Discrètement, mais puissamment.

Au final, l'Australie est un pays qui s'apprivoise. A moins que ce ne soit le contraire.

Difficile de décrire le sentiment de liberté lorsque l'on parcourt pendant des semaines les grandes étendues de l'"outback". Des milliers de kilomètres de paysages rugueux, de terre rouge où chaque fin de journée apporte un coucher de soleil à tomber par terre, où chaque incursion sur la côte offre des plages de carte postale. J'ai découvert et aimé ces tranches de vie en van.

Partout on sent une sorte de lutte permanente pour la survie: contre les tempêtes, contre la sécheresse, contre les nombreux animaux mortels...Dans bien des endroits, le peuplement par les "Blancs" et le style de vie occidental nous a semblé complètement contre-nature. Il ne faudrait pas grand chose pour que tout s'effondre.

Quelques lieux restent particulièrement imprimés: la Grande Barrière de Corail, les gorges du Karijini, la forêt humide au nord de Cairns, notre île désert dans l'archipel des Whitsundays, le parc du Kakadu...


Cette nature incroyable ne serait pas la même sans tous les animaux. Des oiseaux, dont les chants nous ont accompagnés partout où nous étions, aux inévitables kangourous, sans oublier les koalas, les possums, les ornithorynques...

J'ai souvent vu associé un poème lorsqu'on parle de l'Australie et plus les semaines ont passé, plus ses mots m'ont semblé justes. Il s'agit de  "My Country", par Dorothea Mackellar.
Extrait:
I love a sunburnt country,
A land of sweeping plains,
Of ragged mountain ranges,
Of droughts and flooding rains.
I love her far horizons,
I love her jewel-sea,
Her beauty and her terror -
The wide brown land for me!
L'Australie ce sont bien sûr aussi des gens.
D'un côté, des rencontres avec des personnes d'une générosité incroyable, qui ouvrent leur porte au bout de cinq minutes, toujours prêts à échanger quelques mots, à donner leur adresse, curieux du voyageur de passage (mention spéciale à Marie, notre coloc de Melbourne, qui aura profondément influencé le déroulement de ce voyage).
Des semaines passées en Helpx à vivre aux côtés de gens que nous n'oublierons pas et généralement une capacité à profiter de moments simples (un BBQ, une glacière, dans un coin chouette).

De l'autre une belle proportion qui possède tout l'attirail du gros bourrin (tuning+muscu+footy+bière),  des personnes rapidement désagréables quand on agit "différement", un mentalité de cowboys sur bien des aspects (mon troupeau, ma terre, mon flingue), une société inquiétante sur des sujets comme l'homosexualité  (les dernières lois pénalisant l'homosexualité ont été supprimées en 1997 en Tasmanie) ou le droit à l'avortement, et un comportement que j'ai trouvé schizophrène par rapport aux enjeux écologiques (une sorte de confiance totale dans l'ingénierie pour régler les problèmes, une dépendance incroyable aux énergies fossiles (transport, génération d'électricité...),  le tout sur fond d'industrie minière surpuissante. Ca c'est le verre à 1/2 vide. Côté verre 1/2 plein: les ampoules basse-consommation, les chasses d'eau à double capacité, les pommes de douche à limitation de débit ou la récupération de l'eau de pluie sont quasi généralisées).

L'Australie c'est un style de vie.
L'"outdoor lifestyle" n'est pas un concept lorsque chaque ville, chaque village propose ses parcs, jardins et barbecues gratis. Sans oublier les milliers de kilomètres carrés de parcs nationaux et un littoral hors du commun. Des villes qui s'étendent le long de la côte, où la plage est comme une seconde maison. Un pays inondé de soleil, où nous ne serons jamais dit "demain, s'il fait beau, on pourrait...".
Le style de vie, c'est sans doute aussi le résultat du croisement de toutes les cultures qui font le pays. Les grandes villes sont incroyablement cosmopolites et la cuisine, par exemple, est un intéressant mélange de Moyen-Orient+Indonésie+Inde+Chine+Italie+Grèce. On peut très bien manger en Australie (ne cherchez quand même pas un fromage au lait cru...). Et on y a bu de supers vins.  Sans oublier de chouettes bières. Nous avons également depuis longtemps arrêté de compter les petits cafés où on a envie de passer l'après-midi à bouquiner ou discuter. Manger dehors ne coûte rien, tout est fait pour sortir, et ça se voit.
Je pourrais aussi parler du dynamisme qui transpire un peu partout. A l'échelle du pays, c'est bien sûr le dynamisme économique, mais à l'échelle des personnes, c'est la capacité à mener des projets (même en  étant âgé) et à avoir confiance.

L'Australie, c'est enfin la rencontre avec la culture aborigène.
Un génocide qui saute aux yeux dès qu'on gratte un peu "The White  Australia" et dont les survivants errent souvent comme des fantômes (c'est un cliché, mais c'est vrai). Un peuple massacré par l'arrivée des Blancs mais, heureusement, une culture encore vivante, que nous n'avons qu'effleurée, mais qui est passionnante.
Ce qui s'est passé ici n'est probablement pas pire que ce qui arrivé aux Indiens d'Amériques ou aux peuples d'Amérique du Sud (par exemple), mais c'est terriblement plus récent. Deux films que nous avons vus cette année parlent bien de cette triste page de l'histoire australienne: The Tracker et The Proposition (le dernier est sorti récemment en France).

Avec le temps, les expériences, les paysages , les régions, tout a pris un relief inédit. Une claque, mais une claque au ralenti.

Alors oui, l'Australie, c'était bien :-)

Hélène

[Note: chaque bilan a été écrit séparément, c'est marrant de voir les choses qui se recoupent ;-) ]

Difficile de résumer autant de sensations et d'émotions en quelques mots!
Tout d'abord, l'Australie est un pays que j'ai apprivoisé (ou qui m'a apprivoisée): des paysages que je ne trouvais pas forcément beaux au début du voyage  me semblent plus vivants maintenant, je reconnais les animaux, les arbres, les plantes, la vie qu'il y a derrière, ainsi que l'histoire des lieux. Et je ressens désormais fortement leur puissance, que ce soit dans le bush de Victoria ou l'outback désertique et ses lumières magiques de fin de journée.
Je crois que je garderai très longtemps les sensations de la "tranche" Perth-Darwin, les fins de journées avec de la bonne musique et les couleurs du coucher de soleil dans le désert, le vent encore chaud, la terre rouge... Difficile de se lasser.

Toujours dans la catégorie "nature", les gagnants sont les kangourous et les kookaburras, ainsi que les koalas et les wombats. "Hopping kangaroos" que l'on a croisés presque quotidiennement, et toujours avec autant de régal. Et la soirée "feu d'artifice" dans les Snowies durant laquelle on a eu la chance d'admirer de près les bébés "joeys" dans la poche et de prendre (trop) de photos (n'est-ce pas Sylvain!).
Le "laughing kookaburra" m'a enchantée à chaque fois (sauf à Wilson Promontory où il m'a volé un bagel) par son chant, ou plutôt son rire: impressionnant et tordant même si on en a entendu tous les jours! Leur rire va me manquer! Sans doute est-ce une caractéristique australienne après tout: ils sont relax et mordent dans la vie, même les oiseaux s'y mettent et se tordent de rire! A quand les kookaburras en France pour égayer l'ambiance??

Les koalas empaffés... On n'en a vu que 2 "in the wild" mais j'ai été émerveillée, timide devant cet animal  rare.

Enfin, souvenir ému des wombats à Kangaroo Valley, notamment celui qui avait élu notre van comme grattoir de dos.


Difficile de parler de mes souvenirs de cette année sans évoquer la gentillesse des Australiens, leur manière de profiter de la vie, de vivre l'instant, de fourmiller de projets. Comme je le disais plus haut, on a rencontré beaucoup d'Australiens qui mordent dans la vie, qui changent de boulot/d'orientation quand ça ne leur convient plus, qui s'arrêtent de bosser de temps en temps pour réaliser un projet... D'un optimisme qui fait du bien!
Je  n'oublierai pas leur convivialité et leur accueil, et leur confiance. Que ça fait du bien de vivre dans un pays qui base les relations sur la confiance et non pas la défiance. Qui ne prend pas autrui comme menaçant mais potentiellement intéressant.
Enfin, un côté "straightforward", c'est à dire direct: quand ils ont envie de quelque chose, ils le disent, si quelque chose ne va pas, ils le disent, bref ils ne tortillent pas et c'est reposant je trouve! Au moins avec eux un "oui" est un oui, et si non il y a, eh bien ce n'est pas grave...

Les nominés dans la catégorie "personnes":
- le premier oscar va à Marie, notre coloc de Melbourne, qui nous a permis de rencontrer ses parents, sa coloc, Barbara, Sue et Colin (et leur maison en Tasmanie), et surtout avec laquelle on a passé de superbes moments. Belle rencontre, sur la terrasse de l'appart, ou à manger une glace à Lygon St, ou dans un parc à lire /faire la sieste, ou chez ses parents. Je me sens très chanceuse et honorée de ce beau cadeau de la vie.
- Peter et Christine, ses parents (que de bons moments ensemble, à discuter, jouer à la pétanque ou aux fléchettes, se balader!)
- Sue, Colin et Emma (et leur baraque de Sisters Beach)
- Linda et Jean à Perth, la simplicité et la chaleur de leur accueil
- les Herriot à Manjimup, les chouettes soirées autour d'un bon verre (euh plutôt de bonS verreS)
- Lin et Wayne à Carters Ridge, tout était simple, chacun était là pour le meilleur
- Jacqui, Mathew et Stan à Sydney, remplis de vie et de gentillesse
- revoir ma chère Kristina à Canberra
- dans un autre genre, Paul et Alana qui nous ont permis de découvrir le Purnululu
- Dédé, le "bullshit guy" de Tasmanie qui m'a bien saoûlée avec ses théories à deux balles. 



Sans transition, je suis contente de tout ce que j'ai appris grâce aux expériences Helpx, notamment la construction en paille.  


Sans vouloir casser l'ambiance, j'ai été choquée par l'apartheid qui existe de facto en Australie. Je trouve difficile de ne pas être triste voire révoltée devant l'extermination des Aborigènes par les premiers Européens, le déracinement et donc la disparation de leur culture. "Food for thought" devant la toute puissance et l'arrogance blanches.

La sécheresse est un autre sujet inquiétant, j'ai beaucoup d'interrogations sur la gestion future des ressources en eau, j'espère que des choix courageux seront faits rapidement.

Le pain carré, une abomination culinaire. Beurk!

Sinon, pour finir sur une note positive, je garderai longtemps en mémoire le défilé des plages de sable blanc et eaux turquoises... La beauté du littoral est dingue, à l'Ouest comme à l'Est, dommage qu'il y ait crocos, requins, méduses et autres joyeusetés!


Enfin, je ne peux boucler ce résumé australien sans évoquer notre van bleu clair, qui certes nous a allégés de quelques billets mais qui nous a permis de découvrir d'une belle manière les entrailles de l'Australie... Tous ces petits moments (petits déj, couchers de soleil, dodos au son des vagues) que j'ai savourés, qui continueront à m'habiter pendant longtemps.

PS j'ai oublié le cheesecake du Vegie Bar de Melbourne qui me laissera un souvenir dingue :-)
Ca me permet de parler de la cuisine australienne, très ouverte sur d'autres cultures, qui mélangent cuisine thai, vietnamienne, italienne, grecque, française, etc. Et de chouettes plats végétariens à profusion. Miam!

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